Les approches qualitatives et ethnographiques de la recherche en sciences de l’éducation

Où en sommes-nous ?
En pleine discussion épistémologique sur le sens de la recherche en éducation.
Un héritage historique tordu : au XIXème siècle triompha la pédagogie expérimentale ; la première moitié du XXème fut productive, et les savoirs se sont développés ; dans la seconde moitié du XXème siècle, on a questionné les savoirs produits, car ils étaient manifestement inadéquats ; à l’aube du XXIème, nous avons trouvé un nouveau rêve dans la « Nouvelle alliance » marquée au sceau de la complexité.
Méthodologiquement, les données expérimentales ont ouvert la voie aux données quantitatives : la statistique est devenue omniprésente dans tout traitement quantitatif. Mais l’interprétation des situations expérimentales est, dans notre cas, aberrant, irréel et même éthiquement questionnable. L’abus d’interprétations statistico-descriptives élimine la possibilité d’existence des minorités, en globalisant, unifiant, homogénéisant les personnes sous le prototype gaussien de la courbe normale appliquée à la normalisation de la population.
Et nous choisissons de nous aventurer vers la prise en compte, en substance, des données qualitatives dans nos processus de recherches : l’interprétation de la qualité est notre spécificité scientifique. Mais la codification et le traitement qualitatif des données sont, dans les canons de scientificité dominants, difficilement crédibles. Le flou dans les sources, l’arbitraire dans les systèmes de classification, la difficulté pour expliquer le processus suivis dans le traitement des données, la dimension souvent minuscule de nos résultats, et une large ribambelle de conditions extérieures, nous ont fait opter plutôt pour le discours critique de l’impertinence des quantitativistes, que pour le développement propre des qualitativistes, qui se sont trouvés divisés, comme nous l’avons été, en deux factions.
 
Qu’avons-nous à notre disposition ?
En visualisant la disponibilité graphique, nous avons le SPPS et le NVivo, deux logiciels qui contentent à la fois les quantitativistes et les qualitativistes.
La forte tradition anglo-saxonne dans la méthodologie qualitative a obtenu des réussites : faciliter l’organisation, la codification et l’analyse des données qualitatives, à travers des procédures parfaitement systématisées. Cependant, la systématisation, surtout si elle est informatisée, souffre d’un paradoxe intrinsèque : à plus haut degré de systématisation, plus haute généralisation, et en conséquence plus grand éloignement de la spécificité et de la contextualisation des données quantitatives.
Le mode de recherche que nous développons sous l’intitulé d’Ethnographie, veut dépasser ce dilemme. L’engagement éthique du chercheur, la restitution des résultats au terrain, et surtout l’intersubjectivité en tant que critère d’interprétation sont quelques-uns des règles du jeu que nous proposons pour ce groupe de travail
 
Où allons-nous ? Le donné complexe.
L’intention de rendre opératoire le traitement, l’analyse et l’interprétation des données qualitatives à partir des référents propres à la Complexité, et en particulier depuis l’intersubjectivité entre recherche, chercheurs et cherchés, est le défi qui nous occupe.
Le sens de ce groupe travail au sein de l’AFIRSE est, précisément, de répondre à ce défi, et à toutes les inquiétudes méthodologiques que nous voulons, tous ensemble, partager.